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mamamorphose

Et si on parlait de l’allaitement ?

Dernière mise à jour : 15 nov. 2021

L'allaitement un choix qui s'organise


J’aime l’allaitement pour plusieurs raisons,

parce que je trouve ça beau,

parce que je trouve ça pratique,

parce que je trouve ça sain pour le bébé et la maman

et parce que j’aime me souvenir que nous ne sommes pas que des cerveaux déconnectés de notre corps, mais bien des mammifères dotés d’instincts et de réflexes archaïques extraordinaires.

Mais j'aime aussi la liberté de chacune de choisir ce qui lui convient!


L’allaitement, bien que naturel n’en est pas pour autant facile et c’est un choix très personnel qu'une mère doit pouvoir faire dans le respect de ses valeurs et de son histoire.


L’allaitement est un apprentissage qui se fait tétée après tétée. On ne peut forcer personne faire cet apprentissage, c’est un choix très intime, en particulier pendant la période de grande vulnérabilité qu’est le postpartum. Et cela se RESPECTE quelles que soient les motivations. Parce que l'état de santé physique et psychique de la mère reste la priorité et elle seule connait ses limites.


J’ai pu constater la combativité de certaines mères pour mener à bien leur projet d’allaitement. Malgré les embûches qui s’accumulaient sur leur parcours, j’ai pu observer les réussites âprement gagnées qui résultaient de leur détermination.


J’ai alors cherché à comprendre pourquoi d’autres mères, tout aussi fortes et déterminées, ayant fait ce choix d’allaiter, avaient tant de mal à mettre en place leur allaitement et/ou à poursuivre un allaitement alors même que leur envie et leur conviction étaient mobilisées pour la réussite de leur projet ?


Je crois que, en dehors de toute pathologie de la mère et de l'enfant, plusieurs facteurs entrent en jeu dans les difficultés et l’abandon de l’allaitement :


-Il y a d’abord la méconnaissance des mécanismes de lactation. Ce n’est pas le genre de chose que l’on enseigne sur les bancs d’école.


-il y a par conséquence du premier constat les doutes qui s’installent et un sentiment d’incompétence voire même de culpabilité et d’échec de « ne pas être capable de nourrir son enfant » en cas de complications.


-il y a le poids, parfois très lourd à porter, de la responsabilité entière de la sustentation du bébé et donc de sa survie qui repose sur les seules épaules de la mère.


-il y a aussi les croyances parasites ou erronées, transmises par les proches ou distillées au fil de rencontres à coup de :

« tu es certaine que tu as assez de lait »,

« en fait, tu ne sais pas ce qu’il prend »

« ce n’est certainement pas assez nourrissant »

Il ne faut pas oublier que nous sommes les enfants de générations pour qui l’émancipation a souvent été synonyme de biberons. Et on ne peut pas reprocher à nos mères de ne pas pouvoir nous transmettre ce qu’elles ont parfois « désappris ».


-il y a notre mode de vie, de nos jours, nous sommes habituées à maîtriser et contrôler notre quotidien, grâce notamment aux nouvelles technologies : notre alimentation, notre temps, nos performances,…on mesure, quantifie, analyse, tout ou presque.

Or, pour l’allaitement il faut pouvoir lâcher prise, faire confiance à son bébé, à soi même et à la nature. C’est mission quasi impossible pour certaines tant les habitudes de contrôle sont ancrées.


-il y a également la fatigue physique et morale résultant de la grossesse, de pathologies antérieures et de l’accouchement. On ne peut demander à un corps de fournir l’énergie pour produire de l’or blanc quand il n’a plus de ressources.


-il y a également l’organisation de notre société et la durée du « congé » maternité. Comment répondre aux recommandations de l’OMS pour un allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de la vie, et la poursuite de l'allaitement jusqu'à l'âge de 2 ans, voire au delà, lorsque que le retour au travail est si précoce et le monde de l’entreprise si peu organisé en la matière.


-il y a également le rapport à son corps et la pudeur. Un nouveau né va réclamer le sein sans se soucier du lieu, de l’heure, de l’environnement. Et le sein ayant souvent une connotation sexuelle, il peut être compliqué de nourrir librement sans s’isoler physiquement selon les situations.


-mais selon moi le plus grand frein à la mise en place d’un allaitement désiré et pérenne, en dehors de pathologies de la mère ou de l’enfant, c’est le manque de soutien.


Apprendre à allaiter c’est un travail à plein temps, ce qui sous-entend que le reste doit attendre ou être pris en charge par une autre personne.

Peu de mères sont suffisamment entourées pour mener à bien leur projet d’allaitement ce qui génère beaucoup de déception et de frustration mais qui n’est absolument pas représentatif d’un manque ni de volonté, ni de capacité.


Il est important d’être préparée et/ou à défaut, accompagnée et soutenue comme cela pouvait se faire à l’époque où les familles vivaient avec plusieurs générations sous le même toit et où la transmission des savoir-faire se faisait de mère en fille.


De nos jours, il est plus rare de vivre tous ensemble dans une même maison, et c’est une autonomie sur laquelle je n’aimerais personnellement pas revenir.


Mais, force est de constater que sur l’allaitement comme sur d’autres thématiques de la maternité, un soutien est nécessaire. Lorsque celui-ci n’est pas disponible auprès des proches, il faut pouvoir trouver des ressources extérieures face à un besoin qui lui, contrairement à notre organisation familiale, n’a pas changé.


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